Michael Mann : La décade prodigieuse (4/6) - Dossier
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Dossier Michael Mann :
- Partie 1 : Une biographie (publiée le 09/05/2012)
- Partie 2 : Les années d'apprentissage (publiée le 10/05/2012)
- Partie 3 : Réussite à Miami (publiée le 11/05/2012)
La décade prodigieuse
Dans les années 90, les activités de Michael Mann se sont diversifiées, et on retrouve son nom au générique d'une série de téléfilms, Drug Wars, qui vont être de grands succès d'audience, en plus de révéler un acteur qu'on reverra plus tard dans le même univers de la guerre des drogues au Mexique : Benicio del Toro. Là aussi, les deux téléfilms remportent plusieurs statuettes aux Emmy Awards. Côté cinéma, Mann travaille d'arrache-pied à l'adaptation du célèbre roman de Fenimore Cooper, Le dernier des mohicans (1992). Cette épopée au romantisme échevelé, à la sauvagerie lyrique, est le premier grand succès populaire sur grand écran du cinéaste, qui s'est surpassé dans l'évocation d'une Amérique d'avant la conquête de l'Ouest (l'histoire se déroule en 1757). Inspiré par les peintures de Thomas Cole, et l'ouvrage en 30 volumes North American Indian Handbook, Mann dépeint comme nul autre une époque mal connue, où la colonisation se heurte à une Nature hostile et à un peuple en harmonie avec elle. Porté par un Daniel Day-Lewis qui s'est investi corps et âme dans le rôle, et par Madeleine Stowe, Le dernier des Mohicans fait l'unanimité dès sa sortie.
Que dire alors de la grande œuvre suivante, celle que Michael Mann porte en lui depuis quinze ans ? En choisissant Al Pacino et Robert de Niro, qui ne se sont jamais rencontrés à l'écran (ils ne partagent aucune scène dans Le Parrain II), et qui portent en eux toute une histoire du film policier (ils ont interprété à la fois les truands et les flics les plus célèbres du cinéma, d'Al Capone à Serpico en passant par Michael Corleone et Tony Montana), Mann ne pouvait pas rater Heat (1995). Aboutissement de toute une carrière pour certains, cette fresque de trois heures, d'une précision estomaquante à tous les niveaux, ne doit rien au hasard. Qu'il choisisse de tirer à balles réelles dans une avenue de Los Angeles fermée pour l'occasion, qu'il fasse inverser la rotation des avions dans un aéroport pour les besoins d'une scène ou qu'il choisisse une maison art déco en bord de mer pour souligner la solitude du truand, Mann sait quel effet obtenir, aidé il faut le dire par un casting fabuleux : Val Kilmer, Jon Voight, Ashley Judd, Tom Sizemore, Danny Trejo, William Fitchner… Ils sont trop nombreux pour être cités, mais contribuent chacun à leur niveau à la réussite exceptionnelle de ce classique moderne du polar.
Ami de longue date du producteur Lowell Bergman, dont l'émission 60 minutes est considérée comme ce qui se fait de mieux en matière de journalisme d'intégration, Mann s'intéresse ensuite rapidement à une histoire de reportage censuré sur les dessous de l'industrie du tabac. Il va y trouver la matière pour son nouveau film, Révélations (1999), un drame inhabituel pour lui, mais qu'il investit de son souci maniaque de retranscrire « la vérité », à la fois sur le conflit intérieur de l'employé qui a dénoncé les pratiques de son entreprise, Jeffrey Wigand, et sur le journaliste Mike Wallace, qui s'est retrouvé confronté à la censure de ses patrons. Russel Crowe et Al Pacino endossent le costume de ces deux personnages réels, dont les combats respectifs ont ébranlé un lobby tout-puissant dans les années 90. Aidé de son fidèle chef opérateur Dante Spinotti, Michael Mann réussit là encore à explorer les tourments intérieurs de ses personnages comme personne, faisant par exemple d'une simple partie de golf un sommet de tension paranoaïaque.
Michael Mann avec Robert De Niro et Al Pacino sur le tournage de Heat (1995)
by Nick-Lass "The Male" de Born To Watch
Ne manquez pas la 5e partie de ce dossier dédié à Michael Mann : Plongée dans le digital. Paru le 14 mai 2012.
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